Getzel/Gustav, le frère jumeau de mon arrière grand-père Hermann, sa femme Amalia et leurs descendants.
Getzel, le frère jumeaux de Hermann, est né à Klasno le 10 avril 1857. Il se marie peut-être à Klasno avec Malka Sholem avec qui il aura 6 enfants (Isidor, Netty, Bruno, Fanny, Ernestine et Léo). On notera la similarité de quelques prénoms avec ceux des enfants de son frère : Netty nait trois ans après sa cousine germaine du même nom, Bruno deux ans après son cousin germain du même nom, Fanny la même année mais trois mois après sa cousine germaine du même nom, Léo trois ans avant son cousin germain du même nom !

Comme son frère, Getzel et Malka modifient leurs prénoms (en quittant Klasno ?) et se font appeler Gustav et Amalia. Leur premier fils, Isidor, nait à Klasno en 1880. Gustav a alors 23 ans, Amalia, 26 ans. leurs deux enfants suivants (Netty et Bruno) naissent à Poreba Wielka (Poremba à l’époque), les trois derniers à Jägendorf (Krnov aujourd’hui).

NB : Terezin= Theresienstadt ; Opava=Troppau ; Krnov=Jägendorf ; Oświęcim=Auschwitz ; Racibórz=Ratibor ; Brno=Brünn
Ils quittent Jägendorf en 1896 pour s’établir à Brünn (Brno). En 1899, Gustav déclare un commerce déclare un commerce de marchandise mixte, en fait une épicerie fine, au 2 Minoritengasse . On notera que les trois frères, Hermann, Gustav et Jakob exercent la même activité. En 1900, l’annuaire de Brünn indique que le commerce se trouve au 21 de la Joahnnesgasse, une rue des principales rue commerçantes de Brünn. Une annonce publicitaire de 1905, permet de confirmer que Gustav a exactement la même spécialité que son frère Hermann. Il annonce en effet la vente de « toutes les gourmandises, de bons fruits de table et des fruits tropicaux, le meilleur fromage Ementhaler et 15 autres spécialités fromagères ainsi que du vrai fromage Liptauer Brinse, de la charcuterie fine et du vrai jambon de Prague, de la volaille de table toujours fraîche, du Schill (Fogós) ». Il vend aussi « les meilleurs vrais liqueurs polonaises, etc. ». L’annonce indique aussi qu’il dispose d’une filiale à Teschen, ce qui semble indiquer que son commerce était florissant.




En 1900, il est recensé à Brünn, au 26 Grosser Platz, avec sa femme et ses 6 enfants et une domestique. Il est indiqué qu’il habite là depuis 1896. Notons que les intitulés des colonnes de l’imprimé sont en allemand et en tchèque.

Gustav et Amalia déménagent à Berlin peu de temps après. On trouve en effet la trace de Gustav dans l’annuaire de Berlin dès 1909. Contrairement à la plupart des autres membres de la famille, il migrent donc à Berlin avant la fin de la première guerre mondiale et la création de la Tchécoslovaquie. A cette date (en 1909), les seuls Wachsberger de l’annuaire sont en effet les neveux de Gustav, Samuel et Bruno (ayant un magasin fournitures en gros), et Gustav lui-même, mentionné comme commerçant. Les annuaires qui précèdent de contiennent aucun Wachsberger, ce qui laisse supposer que l’installation à Berlin date de 1908-1909.


En 1933, sa femme Malka décède à Berlin.
Gustav disparait des annuaires de Berlin après 1933. On peut penser qu’il est retourné à Ostrava puisque je retrouve, là, son certificat de décès en 1942


Les enfants de Gustav et Amalia
Isidor
Isidor est né le 7 novembre 1880 à Klasno. Je ne sais encore pas grand chose de lui
Le 17 novembre 1939, on trouve sa trace dans les archives de la police de Brno où il fait l’objet d’une enquête de citoyenneté. On note que la fiche indique qu’il s’appelle Isidor Israël, conformément à l’obligation faite aux juifs allemands (Brünn est dans le protectorat de Bohême-Moravie, établi depuis le 19 mars 1939), mais aussi que le prénom Isidor est barré. Il est indiqué qu’il est né à Wieliczka, marié et sans religion ( !).


Cinq mois plus tard, le 8 avril 1942, il est déporté de Brno vers Therienstadt par le convoi AI 363 puis le 18 avril 1942 vers le ghetto de Rejowiec par le convoi Ap 835.
Rejowiec se situe à une soixantaine de kilomètres au Sud Est de Lublin, en Pologne. L’idée d’expulser les juifs d’Europe et des les réinstaller aux confins du Gouvernement général de Pologne, vers les villes de Lublin et Nisko avait été étudié dès septembre 1939 puis mis à exécution dès le mois d’Octobre avec le plan Nisko. Entre fin 1939 et mai 1941, plus de 1000 réfugiés juifs, expulsés pour la plupart de Lublin et de Cracovie étaient déjà arrivés à Rejowiec. Mais le 7 avril, un jour avant la déportation d’Isidor, 80 % des juifs de Rejowiec avaient été déportés vers Sobibor, ce qui faisait un peu de place pour les nouveaux arrivants (on ignore le nombre de personnes qui se trouvaient dans le convoi d’Isidor).
Je n’ai pas d’idée de ce qu’est devenu ensuite Isidor. Il n’est pas revenu. Les conditions de vie dans le ghetto de Rejowiec étaient semble-t-il déplorables. On notera que son prénom de naissance disparaît complètement de la fiche de transport qui ne mentionne plus que Israël, son prénom imposé par le troisième Reich.

Netty
Netty naît …. 1884 à Poreba Wielcka (Poremba). Elle se marie avec August Ascher Koszer avec qui elle aura 4 enfants. Je ne sais pas grand chose d’elle.
Elle meurt à son domicile à Magdebourg le 4 septembre 1937. C’est la police qui constate son décès. J’ignore les circonstances et causes de son décès.
La vie pour les juifs de Magdebourg était devenue de plus en plus difficile. Un blog retrace la montée du nazisme à Magdebourg. Je cite ici quelques éléments concernant uniquement l’année 1937.

15 mars 1937. Le gouvernement prussien interdit à toutes les entreprises juives de produire ou de vendre des drapeaux avec des croix gammées ou d’autres symboles nationaux. Cela avait pour but de rendre publiquement visible la prétendue « hostilité envers l’État » des Juifs. 30 mars 1937. La Gestapo appelle tous les bureaux de Prusse à répertorier les noms de toutes les stations thermales et balnéaires fréquentées par les Juifs. 31 mai 1937. L’administration de la ville demande une fois de plus au ministère prussien de la Culture de fournir une scolarisation séparée aux enfants juifs. 26 août 1937. Le ministère prussien de l’Intérieur ordonne que plus aucun permis ne soit accordé pour l’établissement d’auberges et de tavernes juives. Septembre 1937. L’administration de la ville limite le traitement des Juifs dans les hôpitaux à des circonstances mettant leur vie en danger, justifiant la mesure par le prétendu danger pour la santé des patients « aryens » en présence de Juifs.

Bruno
Bruno naît le …..1885 à Poreba Wielcka (Poremba). Il se marie avec Meta Goldmann.
Les deux habitent à Berlin dans les années 1930. On trouve sa trace dans les annuaires de Berlin en 1930, comme Papiergrosshandler et Papier und Pappenfrabriken.
Son nom disparait des annuaires en 1938.
On trouve aussi sa trace dans une liste de personnes du protectorat de Bohême-Moravie dont la propriété a été confisquée par les nazis (Cette liste, établie en mars 44, provient de la police municipale de Prague). Il est indiqué que la propriété est située à Prague, Bubenaka n°7.

Bruno et Meta échapperont à l’extermination en fuyant par l’Italie. Ils y furent néanmoins un temps internés dans le camp de Ferramonti en Calabre (le 9 juin). Heureusement, la chute du régime fasciste en juillet 1943 empêcha le projet de transfert des juifs étrangers de Ferramonti dans le Haut-Adige. Le 14 septembre, le camp fut libéré par les troupes britanniques. C’est le premier camp libéré sur le continent. Tous les internés furent sauvés.(ici)


Fanny
Fanny naît en 1889 à Jägendorf
Elle se marie le 15 février 1921 à Berlin avec Alfred Meyer, commerçant, né à Etlingen, en Allemagne. Le certificat de mariage indique qu’elles est secrétaire. Les deux témoins du mariage sont son père Gustav (63 ans) et son frère Bruno (35 ans).


Ester
Ester est née en 1891 à Jägendorf. Elle se marie en 1928 à Berlin avec Sigismund Riesenfeld, de 9 ans son aîné. Bruno, son frère est un des témoins du mariages
Sur son certificat de mariage, on peut voir que son époux a été obligé de rajouter le prénom Israël, comme tous les juifs, conformément à une ordonnance de 1938. Est en effet mentionné dans la marge en 1939 : « Vu la 2ème ordonnance du 17 août 1938 visant à l’application de la loi relative à la modification des patronymes et prénoms, l’époux mentionné ci-contre portera le prénom supplémentaire d’Israël ». C’est encore confirmé en dessous en 1940.
Rien n’est indiqué sur le passeport pour Ester. Les femmes dont le prénom ne signifiait pas directement leur judéité (ce qui n’est donc pas le cas d’Ester) devaient rajouter le prénom Sara.
Plus bas une dernière mention de 1950 indique « L’ajout ci-dessus est annulé en vertu de la loi du Conseil de contrôle des Alliés du 20 septembre 1945. Les mentions marginales concernant le prénom supplémentaires n’ont aucune validité ».


Ester se suicide 10 ans plus tard, le 30 mars 1938, à l’âge de 47 ans. Je ne sais pas comment les bundesarchiv connaissent cette information.

Sigismund fut, lui, arrêté à Berlin le 3 février 1943 et déporté à Auschwitz par le 32ème convoi « vers l’Est » (Osttransport). Ses biens sont saisis et « transférés à l’empire allemand ». Une liste de ces biens a été établie. Je ne sais pas s’il en existe encore une trace quelque part.



